Colloque du COR du 28 novembre 2022 – « Quel niveau de vie pour les retraités ? »
En 2019, le niveau de vie moyen des retraités est légèrement supérieur à celui de l’ensemble de la population (de l’ordre de 1,5 %). Très inférieur à celui de l’ensemble de la population en 1970 (70%), le niveau de vie des retraités l’a rejoint et dépassé au milieu des années 1990. La progression du niveau de vie des retraités a permis de réduire leur taux de pauvreté, il est sensiblement inférieur à celui de l’ensemble de la population depuis les années 1980 (9,5 % contre 14,6 % en 2019).
Cette bonne performance du système de protection sociale français cache néanmoins des disparités importantes. La pauvreté monétaire touche davantage les retraités vivant seuls que ceux vivant en couple et davantage les femmes que les hommes. La pauvreté est également plus présente chez les plus âgés. Ce constat conduit à s’intéresser aux retraités les plus modestes lors de la première table ronde, afin de mieux cerner leur profil et d’évoquer les enjeux que cela pose en matière de politique publique. À plus long terme, le niveau de vie des retraités devrait continuer à progresser mais moins que celui de l’ensemble de la population.
Le niveau de vie relatif des retraités par rapport à l’ensemble de la population diminuerait donc pour s’établir entre 90 % et 95 % en 2040 et entre 75 % et 87 % en 2070, selon les scénarios de projection du COR. Il reviendrait ainsi progressivement à son niveau des années 1980. Cette diminution relative résulte principalement de l’indexation des retraites sur les prix, dont l’évolution serait moins rapide que celle des salaires. C’est cette diminution relative qui permet de stabiliser le niveau des dépenses de retraite par rapport au PIB ; sans cette diminution relative le poids des dépenses de retraite augmenterait sous l’effet du vieillissement de la population. La deuxième table ronde est l’occasion de s’interroger sur la soutenabilité « sociale » de cette diminution anticipée du niveau de vie des retraités par rapport à celui de l’ensemble de la population. La parité de niveau de vie retraité/ensemble de la population doit-elle être considérée comme un objectif ? Il s’agit par ailleurs de questionner le caractère « mécanique » de ces projections au sens où elles n’intègrent pas d’éventuelles modifications des comportements induites par la baisse relative des pensions : les assurés sont supposés maintenir dans le futur les mêmes comportements d’épargne et de départ à la retraite (au taux plein) que ceux observés aujourd’hui.
Or, s’ils considéraient que le montant de leur future pension est insuffisant, les assurés pourraient – dans la mesure de leurs possibilités - réagir à la baisse relative des pensions par deux canaux : soit, dès lors qu’ils sont en emploi avant la liquidation, en reportant leur âge de départ à la retraite - si ce recul de l’âge de départ n’est pas le résultat d’une modification des comportements mais qu’il est provoqué par un recul de l’âge d’ouverture des droits, le montant des pensions serait amélioré - soit par un effort accru d’épargne en vue de la retraite pendant la vie active. Dans cette dernière perspective, la troisième table ronde permet d’évoquer les voies et moyens de mobiliser l’épargne financière et/ou immobilière des retraités ; ils détiennent un patrimoine net supérieur en moyenne de 35 % par rapport à celui des actifs. Ce débat peut être l’occasion de revenir sur le paradoxe qui voit le patrimoine des retraités des générations les plus anciennes continuer de croître après le passage à la retraite, contrairement aux enseignements de la théorie du cycle de vie. À nouveau, il convient ici de tenir compte du fait qu’un certain nombre de retraités ne détiennent pas ou peu de patrimoine, qu’ils ne peuvent de ce fait pas mobiliser.
Retrouvez les capsules vidéo diffusées lors du colloque sur Youtube :
- Mathieu Perona, Directeur exécutif de l’Observatoire du bien-être du CEPREMAP, Passage à la retraite et bien-être
- Yves Guégano, Conseiller maître en service extraordinaire à la Cour des comptes et personnalité qualifiée au COR, Comment définir l’équité du système de retraites ?
- Grégory Ponthière, Professeur d’économie à l’UCLouvain, Retraites et vie brève : la logique de la retraite inversée